"Perturbateurs endocriniens": l'expression a dû couler au moins 1 fois dans vos oreilles ces derniers 3 ans. Le problème, c'est que les perturbateurs endocriniens ont dû aussi couler dans votre organisme. Un rapport très récent dénonce la facture "santé" très lourde de cette chimie industrielle et agro-alimentaire. La France est en 2° position...Les perturbateurs endocriniens, c'est une question d'hormones. Aucun lien avec nos états d'âme, notre stress, ou nos emballements de séducteurs et séductrices...
Non. Il s'agit de cette kyrielle de produits chimiques employés par nos industries. Y compris l'agro-alimentaire.
Depuis plusieurs décennies, ces produits employés dans tous les domaines envahissent notre quotidien. Jusqu'au biberon de bébé, votre crème nuit pour le visage, en passant par les insecticides balancés à la tonne dans nos champs, et qui finissent dans les nappes phréatiques, les rivières...
Bisphénol A (BPA), phtalates, dioxines, insecticide DDT, polychlorobiphényles (PCB)... Ah, ça vous cause ces petits noms là, sans doute...
Victimes "endocrinées": la France en 2ème ligne
L'organisation non gouvernementale européenne HEAL (*) vient de publier un rapport ce mercredi 18 juin 2014. Eh bien la "facture Santé" des perturbateurs endocriniens est lourde. Très lourde.En particulier pour la France, qui arrive au 2nd rang, derrière l'Allemagne, des pays les plus touchés. L'exposition à ces produits coûterait 4 milliards d'euros par an à notre système de soins.
31 milliards d'euros pour l'Europe. D'autres études recoupent ces résultats.
Face aux 15,5 millions d'euros que coûterait l'ambroisie, on comprend mal que les pouvoirs publics se montrent plus ardents à éradiquer la plante qu'à éradiquer ces composants de notre environnement très direct, et même le plus intime.
Et on ne sait pas tout...
Estimation basse de la part de HEAL: car le rapport ne tiendrait compte que des coûts directs de ce fléau (traitements, médicaments, interventions chirurgicales).L'absentéisme au travail n'aurait pas été pris en compte, entre autres coûts indirects (dépollutions ..).
Que dire des effets sanitaires qui n'ont pas encore été mis en lien avec ces perturbateurs endocriniens.
Conséquences sur la santé liés aux dysfonctionnements hormonaux
Bien que souvent contestées par les industriels, à grands coups d'études, les conséquences désastreuses des perturbateurs endocriniens sur la santé semblent de plus en plus difficiles à ignorer.Cancers hormono-dépendants (sein, prostate), obésité, problèmes de fertilité, malformations de l'appareil génital des enfants, troubles de leur comportement (autisme...).
Sans oublier l'impact environnemental: espèces de poissons dont le sexe mue, posant problème pour la reproduction (-> baisse des populations?), traces de perturbateurs retrouvées dans des animaux vivant sur la banquise... etc.
Si de nombreux chercheurs se réfugient derrière la complexité factuelle de ces maladies (causes multiples), les voix qui s'élèvent contre les perturbateurs endocriniens sont de plus en plus nombreuses.
Avec des travaux dont les résultats concordent pour le confirmer.
(*) HEAL: Health and Environment Alliance (Alliance pour la santé et l'environnement ),- organisme non gouvernemental qui rassemble une soixantaine d'associations de la société civile et syndicats de soignants ou de mutuelles.
Liens utiles:
- L'article du Monde.fr traitant du rapport HEAL sur le coût des perturbateurs endocriniens
- Perturbateurs endocriniens et eco-systèmes
- 13 perturbateurs endocriniens à éviter dans les cosmétiques
- Point sur les perturbateurs endocriniens (travaux de l'ANSES Agence Nationale de Sécurité Sanitaire alimentation environnement travail)
- Perturbateurs endocriniens et risques de cancers
- Limiter les perturbateurs endocriniens
Comment échapper aux perturbateurs endocriniens?
Très difficile actuellement. D'autant qu'il vous faut aussi lutter contre d'autres polluants nocifs, contenus dans les produits ménagers, les peintures pour les murs, les colles des meubles en bois reconstitué etc.Jamais fait l'expérience d'un élastique de vêtement qui fond littéralement dans votre placard, ou de ce manche de tournevis de marque très connue des bricoleurs, qui se décompose en poussières collantes dans la main au bout de quelques années? Moi oui... Beuurk!
Achetez une loupe ou des lunettes ultra-grossissantes (facteur 800 au moins) et armez-vous de patience pour décoder les étiquettes, au marquage gris clair sur fond blanc et taille lilliput....
Les fabricants ne manquent pas d'imagination pour perturber votre capacité à vous informer, en plus de perturber votre système endocrinien.
Apprenez par cœur la liste des polluants endocriniens (sans oublier leurs variantes possibles).
Comptez le double ou le triple de temps pour faire vos courses à ce rythme.
Peu réaliste... Hin, hin, hin: vous l'entendez, le cri de l'industriel tapi au fond du bois du profit à tout prix...?
Consommez le moins trafiqué et moins transformé possible.
Chaque étape de transformation suppose l'utilisation possible de trucs-bidules peu recommandables (conservateurs, anti-oxydants, exhausteurs de goûts, extraits de sous-produits de matières premières ...).
Retour aux ustensiles en matière naturelle (verre, terre, acier...), peut-être moins pratiques d'entretien, mais plus sains. Informez-vous des industries à risque: produits ménagers, alimentation, culture / élevage, décoration et matériaux pour la maison.
Vous ne pourrez pas atteindre le 0 risque. Mais vous pourrez peut-être éviter les pires.
Tentez d'éviter la surdose en revenant aux achats de denrées en circuit courts, produits par des agriculteurs locaux et des fabriques artisanales plus respectueux du consommateur et de l'environnement.
Bien sûr, ça coûte cher. Mais on peut toujours rêver qu'en favorisant la reprise de ce modèle économique, les coûts baisseront.
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