Ça gigote dur côté rideau. Entre "je suis pour" et "il faut supprimer", les débats sont houleux, les insultes fusent, les parti-pris s'exacerbent. Parfois sans connaissance véritable du sujet. D'abord, il est nécessaire de s'informer. Le statut d'intermittent du spectacle serait menacé. La culture et la création le sont-elles aussi? Je n'entre pas dans ce débat. Mais je vous en propose un autre. Doit-on maintenir ce statut, le supprimer, ou tout simplement le repenser? Dans ce dernier cas, quelles propositions faire?Ce statut spécifique aux artistes et professionnels du spectacle aurait coûté 1 milliard d'euros en 2010, en pesant pour 1/3 dans le déficit total de l'assurance chômage, selon la cour des comptes.
Ça fait cher le ticket d'entrée tout de même... Sans même compter les milliards dépensés en subventions de toute sorte, payées par nos petits sous à nous, via impôts et taxes (TVA, droits SACEM, taxe sur les supports numériques...).
Quelque part, on a payé d'avance: je vote pour l'accès à la culture gratuit ;-)
Blague à part... Notez aussi que ceux qui devraient en bénéficier le plus, seraient aussi les exclus de ce système de l'intermittence, qui pervertirait le milieu artistique aux dires de certains.
Pour alimenter notre réflexion, je vais poser 3 cas de figure. Je vous invite à donner votre avis en commentaire, ou à faire partager vos expériences personnelles du statut d'intermittent du spectacle.
1er cas: "fait pas beau et je suis pas d'humeur"
Il y a quelques temps, j'ai eu l'occasion de papoter avec un ami intermittent du spectacle. Lequel vit de ce statut. Tant bien que mal, mais il en vit, et a pu faire de sa passion son quotidien. Combien d'entre nous doivent se contenter d'en rêver, vivant d'un gagne-pain, et non d'un travail-passion?Tant mieux pour lui, et tant mieux pour ceux qui profitent de son talent. Certain au passage... Entendez que son travail consiste à exercer son talent et sa passion. Sympa non?
Mais dans la discussion, quelque chose m'a choquée. Ce jour-là, il ne faisait pas beau. Et je l'ai entendu me dire: "...ce matin je reste au lit, et je vais pas travailler. Fait pas beau, et je suis pas d'humeur."
Moi, si je dis ça à mon patron, c'est l'avertissement ou la mise à pieds direct. Sans parler de la Sécu qui ne verra pas ça d'un très bon œil, et d'une majorité de français qui considèrera que je fais une fraude à l'assurance maladie...
Témoignage d'un ex-intermittent du spectacle sur la question.
2ème cas: "Je suis une star qui a réussi"
Elles et ils sont rares en comparaison de la multitude d'artistes qui resteront dans l'ombre. Talent ou pas talent.J'aimerais d'ailleurs bien savoir si ce sont eux qui coûtent le plus cher (indemnités cumulées), en rapport de l'ensemble des artistes et professionnels* pris en charge? Si quelqu'un a la réponse...
Bien évidemment on ne traite pas de cette réussite qui transforme nos fantasmes et aide à atteindre le 7ème ciel en pensant à cette étoile-là, les soirs de disette sexuelle ou sentimentale...
Nan. On parle bien de cette réussite qui change la sonnerie du réveil en "Il est l'or monseignor"...
De celle qui permet aux dits élu(e)s des muses de s'offrir veaux, vaches, cochons et couvées... mais aussi jolie ferme retapée luxe à la campagne, vignobles, propriétés, châteaux....
Ne remettons pas en question le juste retour d'un talent particulier qui ravit et enjolive nos "mornes vies" de gens ordinaires. Quand l'artiste continue de travailler quotidiennement, il ne vole personne. Mais qu'en est-il quand son talent s'exerce en intermittence?
Selon une légende urbaine, ses indemnités seraient proportionnelles à ses cachets. Donc potentiellement énormes... Petit tour sur le site service-public, où l'on trouve la formule de calcul des dites indemnités des artistes du spectacle. Bonne surprise et fin de la légende urbaine: comme pour tout salarié, l'ARE des intermittents du spectacle est plafonnée à 133,27 €/jour. Soit 4 131,37 € bruts, les mois en 31.
Info importante: un accord interprofessionnel du 22 mars 2014 prévoit la mise en place d'un plafond d'indemnisation de chômage, de 175% du plafond de la sécurité sociale. Soit, dans le meilleur des cas, l'intermittent du spectacle percevrait 5475,75 € bruts mensuels. L'accord serait applicable aux contrats de travail ayant pris fin après le 30 juin 2014. Il est pour le moment en suspens.
Aux grands artistes qui donnent le "La" de la protection sociale en France
Petit a-parte à destination des artistes qui se mettent au régime "frites" pour échapper aux impôts français...Frite ou hamburger d'ailleurs: la pomme new-yorkaise compte quelques vers bien français, ainsi que quelques autres lieux bien sympathiques de la planète dont le principal atout touristique consiste à épargner le porte-monnaie des UV brûlants de la fiscalité française.
Je vis mal que certaines de ces personnalités se permettent de nous dire comment traiter nos exclus du système, en s'excluant du circuit permettant de financer les aides sociales... Pour ceux qui affirment s'acquitter de leurs obligations fiscales, je les invite à poster une copie de leur dernier avis d'impôts. Tout imposé y a droit, et il lui est remis gratuitement... Ceci mettrait une fin certaine aux polémiques.
3ème cas: "Je suis un artiste... de la galère"
Dommage pour eux: le coup de rame ne les conduira pas sur la 1ère place des jeux olympiques en aviron. Pourtant, Dieu sait s'ils "rament, rament... rament".Tous n'ont pas un talent qui marquera les esprits ni les foules.
Mais une grande majorité d'entre eux sont "d'utilité publique". Grâce aux moments de rêve, de joie, d'émotion, de partage, de convivialité qu'ils mettent à la portée de tous. Qui n'a pas souri, ri ou rêvé à l'occasion d'un spectacle offert à la rue?
Dans le tas, il y a ceux qui peuvent devenir nos futurs mythes: un travail salarié à temps plein rendrait les choses quasi impossibles, à moins d'une grande ténacité, et de beaucoup de chance. Ou de grande capacité à subir les exigences cavalières de certaines sociétés de production...
Le statut des intermittents du spectacle a un vrai rôle à jouer pour eux. Mais ses règles, et l'utilisation qu'en font certains, lui permettent-ils de jouer pleinement - et efficacement- ce rôle?
Débat sur le statut intermittent du spectacle
Voilà. 3 angles de caméra posés sur le statut des intermittents, la place du spectacle et de la création dans notre société. Donc, de la place de ceux qui y contribuent. N'oublions pas non plus, que lorsqu'ils travaillent, les intermittents paient aussi des charges sociales, qui leur ouvrent donc des droits, comme tout salarié.
Pour intégrer des bases d'information saines et vraies, quelques liens (vraiment) utiles:
- Pôle-emploi: le statut d'intermittent du spectacle
- Pôle-emploi: conditions d'accès au statut d'intermittent du spectacle
- Service-public: statut et indemnisation de l'intermittent du spectacle
- Service-Public: calcul des indemnités de l'intermittent du spectacle
- il existe un Fonds de professionnalisation et de solidarité financé par l'Etat, destiné aux intermittents du spectacle n'étant plus réadmis au statut pôle-emploi d'intermittent du spectacle
- vie publique: communication officielle sur la réforme du statut des intermittents, avec des liens (choisis...), notamment vers le rapport de mission (16 pages) de Mr Gille, sur commande du 1er Ministre.
Maintenant, je vous invite à proposer des idées à ceux qui en manquent si cruellement, là-haut... Peut-être pouvons-nous avancer vers une plus juste nuance entre éradication du statut d'intermittent du spectacle, et maintien "à tout prix", même si c'est celui des abus?
* le statut concerne toutes les professions impliquées dans les métiers du spectacle. Pas seulement les acteurs, chanteurs, musiciens, danseurs...
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